Invitée sur RMC ce mardi, Roxana Maracineanu, ministre déléguée des Sports, a adressé une grosse charge aux clubs de football les taxant de laxisme avec les supporters, quelques heures avant une réunion entre les acteurs du sport et plusieurs ministres.
Le test positif au coronavirus de Jean Castex, Premier ministre, n’impactera pas la réunion au sommet sur le football français, ce mardi. Celle-ci a été maintenue après les tests effectués par les membres du gouvernement. Les acteurs du ballon rond ont donc rendez-vous place Bauveau vers 9h en compagnie de plusieurs ministres – Gérald Darmanin (Intérieur), Eric Dupont-Moretti (Justice) et Roxana Maracineanu (Sports) – deux jours après les nouveaux incidents ayant éclaté lors du match OL-OM. Invitée sur RMC dans Apolline Matin ce mardi, Roxana Maracineanu a donné le ton des échanges en pointant fortement du doigt les clubs.
« Sauver le foot français, c’est beaucoup dire, a-t-elle déclaré. Il faut donner l’impulsion pour que la Ligue réunisse les clubs et que ce sujet soit porté à l’ordre du jour. Six incidents en 14 journées, c’est grave. Il faut prendre la mesure, parler d’une même voix et surtout qu’ils s’accordent sur la position à prendre: comment se comporter, intervenir? Comment les arbitres peuvent prendre des décisions plus simplement? »
« Il y a des lois pour ça, il n’y a pas à en refaire «
Voilà pour les bases de la réunion, dont il ne faudra peut-être pas attendre de grandes décisions. Car la ministre-déléguée aux Sports estime que le panel de sanctions existe déjà mais que les clubs ne les appliquent pas. « Je veux que tout le monde applique ce qu’il peut appliquer dans la loi, insiste l’ancienne championne de natation. Les clubs – comme le RC Lens l’a fait – peuvent appliquer des interdictions de stade contre ses supporters. Ça montre déjà un lien nouveau, une prise en considération des supporters par leur propre club et tout le monde s’accorde à l’appliquer dans son propre club. »
Pourquoi ça ne marche pas? « Parce qu’elle n’est pas appliquée, répète Maracineanu. La Loi Larrivé – votée en 2016 – donne le pouvoir aux clubs de responsabiliser son groupe de supporters. Le club doit être responsable de son groupe de supporters, ça me paraît évident. Derrière, on s’est engagé à mieux appliquer la loi. »
« On ne peut pas tout attendre de l’Etat, persiste Maracineanu. Il faut que chacun soit responsable. Aujourd’hui, c’est au monde du football de se questionner. Nous avons déjà fait une réunion il y a un mois et demi qui était quasiment la même que celle que nous allons faire. Nous avons déjà proposé des choses de notre côté: un référent-supporter dans les préfectures pour avoir cette discussion avec les clubs en amont du match, pouvoir les aider sur la formation des stadiers, une circulaire pour que la justice soit plus prompte à agir et à appliquer les lois dont il est question. Mais en amont, c’est au monde du football de prendre ses responsabilités et de s’organiser. Il y a des lois qui sont faites pour ça, il n’y a pas à en refaire. Il faut déjà que celles-ci soient appliquées. »
« Je ne fais pas confiance aux rapports que les clubs instaurent avec les groupes de supporters »
Elle conclut enfin en illustrant le climat délétère dans les tribunes par son cas personnel. « Mon fils de 5 ans fait du foot, c’est extraordinaire ce qu’on vit au niveau de la mixité, de ce rapport avec les éducateurs, présente-t-elle. Mais à chaque fois que je vais au stade en tant que ministre, je me dis heureusement que j’ai emmené mon fils plutôt au rugby qu’au football. Moi, je privilégie les matchs de l’équipe de France quand je peux me permettre d’emmener mes enfants aux matchs, mais pas ceux des clubs parce qu’aujourd’hui, clairement, je ne fais pas confiance aux rapports que les clubs instaurent avec les groupes de supporters. C’est là-dessus qu’on doit progresser parce que les supporters d’un club font partie de l’équipe professionnelle et doivent être traités par le club en question. «