Le Professeur Misset, chef du service des soins intensifs du CHU Sart-Tilman, à Liège, fait le point sur l’évolution de la pandémie de Covid-19.
La pandémie de Covid-19 connaît une recrudescence des cas positifs et des personnes hospitalisées depuis quelques semaines. On parle clairement d’une 4 vague. Le gouvernement, via le Codeco de ce mercredi, a pris des mesures qui ont un impact direct sur le fonctionnement des hôpitaux, en particuliers les services des soins intensifs.
En province de Liège, on compte 200 lits en soins intensifs, dont 59 au CHU du Sart-Tilman. Une dizaine de ces lits ne sont pas disponibles pour cause de personnel insuffisant. Actuellement, 19 lits du CHU sont occupés par des personnes atteintes du Covid-19.
Le professeur Benoît Misset est chef de ce service. Il revient sur les décisions du Codeco de ce mercredi.
Son interview dans notre vidéo en tête de cet article.
Aux soins intensifs du CHU, 19 lits sur 59 sont occupés pr des patients Covid.
© Jacques Duchateau
Quand on lui pose la question de savoir quelles sont les conséquences des décisions du dernier Codeco sur le fonctionnement de son service, sa réponse est pleine de bon sens: « Je voudrais vous dire que ce ne sont pas tant les décisions du gouvernement qui ont un impact sur le service, c’est l’évolution de la pandémie. »
Depuis deux mois maintenant, le service est occupé en continu par des patients Covid, après une accalmie pendant l’été: 19 lits sur 59 sont occupés par ces patients. « L’impact principal, poursuit le Pr Misset, c’est que pendant que l’on a ces lits occupés par des patients Covid, on ne peut pas s’occuper d’autres choses alors que ces lits étaient déjà prévus pour faire d’autres choses. »
Actuellement, quelques opérations non urgentes ont dû être reportées. Mais le service est organisé de façon à ne pas devoir reporter ou annuler des opérations importantes. Pour le moment.
Aux soins intensifs du CHU, 19 lits sur 59 sont occupés pr des patients Covid.
© Jacques Duchateau
Un personnel sous pression
Du côté du personnel, il y a une certaine pression. « On est toujours très très juste tout au long de l’année. Tout le monde est un peu fatigué du Covid. Mais le personnel est quelques fois malade ou absent » (parce que les écoles sont fermées, par exemple).
Par contre, la majorité de ce personnel est vaccinée (à 99%). « Je pense, à titre personnel, que le personnel de soins doit être vacciné. » Quitte alors à être déplacé dans un autre service si ce n’est pas le cas.
Un mois aux soins intensifs
Le Professeur constate également qu’en général, une hospitalisation Covid aux soins intensifs dure en moyenne trois semaines à un mois. « Ce sont de grosses hospitalisations qui entraînent de gros dégâts chez les patients. On peut mettre des mois, voire un ou deux ans à se remettre de l’ensemble. »
Le taux de mortalité des patients Covid en soins intensifs reste important. Il est de l’ordre de 40% pour les patients qui ont besoin de la ventilation mécanique. « La moitié décède et l’autre moitié survit avec les difficultés de se réinsérer dans la société, dans la vie. »
Hors caméra, le Professeur disait encore que, pour lui, la pandémie peut encore durer 10 ans. Et que la seule façon d’y faire face, c’est que 100% de la population soit vaccinée. Sans cela, pas de répit.
Aux soins intensifs du CHU, 19 lits sur 59 sont occupés pr des patients Covid.
© Jacques Duchateau